L'AUTRE ZOO, LA NUIT

La saga d'un été

2006-07-29

CHAPITRE 1

Les grandes manoeuvres

Mon amie, maman ne rajeunit pas. Et sa santé se détériore à un rythme d’enfer depuis quelque temps. À un point tel, que j’ai l’impression qu’elle s’en va ... Où? Je ne saurais te dire pour l’instant.

Certes, la combattante commence à battre en retraite. Je la sens baisser pavillon même si je suis convaincue qu’elle n’a pas encore tout à fait baissé les bras. De jour en jour, de semaine en semaine, elle abdique un petit peu pour ceci, un petit peu devant cela, sans pour autant abandonner complètement tout. Bref, c’est la valse des grandes manœuvres. L’issue de ce combat à venir ne sera plus désormais qu’une question de temps. Puis-je te dire, mon amie, que j’angoisse déjà à l’idée de sa longueur, car Dieu seul en connaît la fin.
Un soir, cette semaine, alors qu’après un long moment à chercher le sommeil, voilà que le téléphone a sonné sur ma table de chevet. Il était minuit moins quart. «Votre mère n’est pas bien du tout» m’a-t-on dit au bout du fil. En fait, je l’avais quittée en fin d’après-midi après avoir passé la journée à la promener aux alentours; je la croyais alors encore capable ...
Or, quand je suis arrivée chez-elle quelques minutes plus tard, elle avait peine à marcher, à s’asseoir et à se lever. La trouvant dans cet état pitoyable, j’ai alors fait le 911 sur le champ. Bien sûr, il n’est pas évident pour une femme de son âge et de sa génération de faire confiance à des femmes, aussi costaudes et « charpentées » soient-elles, pour transporter ainsi les personnes souffrantes. D’ailleurs, habituées à cette clientèle familière, les deux jeunes ambulancières n’ont pas tardé pas à la rassurer.

Déballant leur lourd matériel sur le tapis du salon, après quelques questions et un bref examen d’usage, elles l’ont enfin installée délicatement sur la chaise-civière, après l’avoir enveloppée d’une couverture et bien verrouillé les sangles. Ce n’est qu’une fois descendues les marches de l’escalier de sa résidence avec leur fragile fardeau, qu’elles l’ont finalement étendue avec mille et une précautions sur la civière avant de la glisser dans le ventre du lourd véhicule.

Mon amie, pendant tout ce branle-bas, j’ai cru avoir entendu maman s’excuser auprès de ses porteuses de les avoir dérangées ainsi en plein milieu de la nuit. Et, leur dire aussi comme elle était désolée de leur donner autant de mal. Pour ton information, maman ne pèse plus que 52 kilos/114 livres. Paraît-il que, cette nuit-là, elle aura été leur première « passagère ».
À toi pour toujours,
May West

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