CHAPITRE 7
Le mal qui se répand (2)
Mon amie, notre société actuelle est un cas rare d’individualisme et de je-m’en-foutisme. Et pas à peu près! Je ne crois pas exagérer, en te disant qu'on s'énerve davantage d’apprendre le décès de quelques éleveurs de volailles de la grippe aviaire, en Malaisie ou en Thaïlande que de savoir que 269 Canadiens, dont 108 au Québec, sont morts en six mois, l’hiver dernier, des suites d’une infection au C. difficile contractée à l’hôpital .
Pourtant, le Clostridium difficile ou C. difficile est un mal qui se répand à la vitesse grand V dans nos hôpitaux. Mais à notre insu et insidieusement, on fait des mains et des pieds pour nous voiler coûte que coûte la terrible réalité. Pour te donner une idée de l’ampleur du phénomène, sur seize chambres au 2è Ouest, j’ai compté pas moins de cinq chambres affichant l’écriteau STOP ISOLEMENT pas plus tard qu’hier …! Consignes : en dire le moins possible s’avère la norme, les non-dits et surtout la langue de bois sont de rigueur.
En plus d’être un mal dont l’odeur commence à se faire sentir dans nos narines, et persiste même encore une fois de retour à la maison, le Clostridium difficile ou C. difficile est une bactérie dont l’infection est la plus communément répandue dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée des pays industrialisés.
Les personnes en santé ne sont habituellement pas vulnérables au C. difficile. Par contre, les personnes qui ont d'autres maladies ou troubles qui nécessitent l'usage prolongé d'antibiotiques de même que les personnes âgées sont donc les plus susceptibles de contracter cette infection.
Si le cas de maman nous inquiète tant, en ce moment, c’est qu’elle présente exactement le profil requis: elle prend des antibiotiques et elle est âgée.
En outre, on estime que 20% des personnes hospitalisées contractent la bactérie. La bactérie C. difficile est présente dans les matières fécales. Une personne peut devenir infectée si elle touche des objets ou des surfaces contaminés par des matières fécales et si elle se touche la bouche ou les muqueuses.
Les travailleurs de la santé peuvent infecter d'autres patients ou contaminer des surfaces avec leurs mains. En temps ordinaire, les symptômes disparaissent lorsque le patient cesse de prendre des antibiotiques. Dans de rares cas, le C. difficile peut être mortel.
Néanmoins, une étude récente réalisée au Québec révèle qu'une souche plus résistante de la bactérie pourrait être présente dans les hôpitaux de la province.
Mais pourquoi cette bactérie frappe-t-elle deux fois plus au Québec qu’ailleurs au Canada? Aurait-on négligé de rénover ou d’entretenir nos hôpitaux au profit de ... l’Expo 67, des Jeux olympiques de 1976 et d’autres grands événements sportifs ou autres, dans lesquels on aurait englouti des milliards?
Il y a deux ans, le Dr. Pépin et ses collègues de l'Université de Sherbrooke étaient d’avis que plus de 1000 patients décéderaient des suites d'une contamination au Québec, cette année-là. Il a aussi estimé que la seule solution à long terme, était de rénover les hôpitaux afin que tous les patients disposent de chambres privées avec toilettes, ou au minimum de toilettes séparées, afin de limiter la contamination.
Enfin, il a également insisté sur le fait qu'il ne suffira pas de rappeler les mesures élémentaires d'hygiène au personnel médical pour régler le problème, mais qu'il faudra une réelle volonté politique.
Or, depuis ce temps, il faut croire, mon amie, que bien peu de choses ont été faites en ce sens au Québec, puisque maman est en isolement depuis maintenant cent soixante-huit heures et qu’elle le restera pour encore au moins cinq jours.
Pour elle, interdiction formelle de franchir le pas de sa porte de sa nouvelle chambre ... privée. Elle qui commençait à peine à prendre du mieux! Encore chanceuse qu’elle puisse recevoir de la visite! Même s’il faut revêtir cette affreuse jaquette jaune et enfiler des gants en latex …!
Toutes ces précautions sont nécessaires parce qu’on la soupçonne. Ne partageait-elle pas la même salle de bain que sa voisine de chambre du 243? Or, cette dernière a été déclarée positive justement dimanche dernier. Ah! quel merdier, mon amie!
À toi pour toujours,
May West
Mon amie, notre société actuelle est un cas rare d’individualisme et de je-m’en-foutisme. Et pas à peu près! Je ne crois pas exagérer, en te disant qu'on s'énerve davantage d’apprendre le décès de quelques éleveurs de volailles de la grippe aviaire, en Malaisie ou en Thaïlande que de savoir que 269 Canadiens, dont 108 au Québec, sont morts en six mois, l’hiver dernier, des suites d’une infection au C. difficile contractée à l’hôpital .
Pourtant, le Clostridium difficile ou C. difficile est un mal qui se répand à la vitesse grand V dans nos hôpitaux. Mais à notre insu et insidieusement, on fait des mains et des pieds pour nous voiler coûte que coûte la terrible réalité. Pour te donner une idée de l’ampleur du phénomène, sur seize chambres au 2è Ouest, j’ai compté pas moins de cinq chambres affichant l’écriteau STOP ISOLEMENT pas plus tard qu’hier …! Consignes : en dire le moins possible s’avère la norme, les non-dits et surtout la langue de bois sont de rigueur.
En plus d’être un mal dont l’odeur commence à se faire sentir dans nos narines, et persiste même encore une fois de retour à la maison, le Clostridium difficile ou C. difficile est une bactérie dont l’infection est la plus communément répandue dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée des pays industrialisés.
Les personnes en santé ne sont habituellement pas vulnérables au C. difficile. Par contre, les personnes qui ont d'autres maladies ou troubles qui nécessitent l'usage prolongé d'antibiotiques de même que les personnes âgées sont donc les plus susceptibles de contracter cette infection.
Si le cas de maman nous inquiète tant, en ce moment, c’est qu’elle présente exactement le profil requis: elle prend des antibiotiques et elle est âgée.
En outre, on estime que 20% des personnes hospitalisées contractent la bactérie. La bactérie C. difficile est présente dans les matières fécales. Une personne peut devenir infectée si elle touche des objets ou des surfaces contaminés par des matières fécales et si elle se touche la bouche ou les muqueuses.
Les travailleurs de la santé peuvent infecter d'autres patients ou contaminer des surfaces avec leurs mains. En temps ordinaire, les symptômes disparaissent lorsque le patient cesse de prendre des antibiotiques. Dans de rares cas, le C. difficile peut être mortel.
Néanmoins, une étude récente réalisée au Québec révèle qu'une souche plus résistante de la bactérie pourrait être présente dans les hôpitaux de la province.
Mais pourquoi cette bactérie frappe-t-elle deux fois plus au Québec qu’ailleurs au Canada? Aurait-on négligé de rénover ou d’entretenir nos hôpitaux au profit de ... l’Expo 67, des Jeux olympiques de 1976 et d’autres grands événements sportifs ou autres, dans lesquels on aurait englouti des milliards?
Il y a deux ans, le Dr. Pépin et ses collègues de l'Université de Sherbrooke étaient d’avis que plus de 1000 patients décéderaient des suites d'une contamination au Québec, cette année-là. Il a aussi estimé que la seule solution à long terme, était de rénover les hôpitaux afin que tous les patients disposent de chambres privées avec toilettes, ou au minimum de toilettes séparées, afin de limiter la contamination.
Enfin, il a également insisté sur le fait qu'il ne suffira pas de rappeler les mesures élémentaires d'hygiène au personnel médical pour régler le problème, mais qu'il faudra une réelle volonté politique.
Or, depuis ce temps, il faut croire, mon amie, que bien peu de choses ont été faites en ce sens au Québec, puisque maman est en isolement depuis maintenant cent soixante-huit heures et qu’elle le restera pour encore au moins cinq jours.
Pour elle, interdiction formelle de franchir le pas de sa porte de sa nouvelle chambre ... privée. Elle qui commençait à peine à prendre du mieux! Encore chanceuse qu’elle puisse recevoir de la visite! Même s’il faut revêtir cette affreuse jaquette jaune et enfiler des gants en latex …!
Toutes ces précautions sont nécessaires parce qu’on la soupçonne. Ne partageait-elle pas la même salle de bain que sa voisine de chambre du 243? Or, cette dernière a été déclarée positive justement dimanche dernier. Ah! quel merdier, mon amie!
À toi pour toujours,
May West
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